A l’heure où ici la presse américaine fustige la séduction à la française, que là-bas les reconnaissances de paternité envahissent les tabloïds peoples et que la politique se débat avec des affaires sexuelles, on finirait par le croire : croire que tous les hommes sont infidèles. Pourtant ce sont plusieurs jeunes français qui ont frappé les premiers à ma porte souffrant de l’infidélité… de leur femme ! Est-ce l’exception qui confirme la règle ? Peu m’importe, ce que je sais c’est qu’il existe dans cette ville des hommes fidèles à leur femme et leur engagement de mariage. Et si pour une fois, on parlait d’eux. Laissons donc tomber les clichés sur les hommes renforcés par la sur-médiatisation des déboires d’une élite qui par définition ne représente quasi personne.
Amaigri, le teint blafard, cerné, il me partage avec une voix mal assurée : « ma femme couche avec un homme ». Ultra rationnel, ce n’est pas la vengeance mais l’incompréhension qui l’envahit. « Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? On ne se dispute jamais. Je suis gentil avec elle. Elle est si mal à l’aise avec sa féminité ». Son entrée me suffit pour comprendre beaucoup. Mais il ne le sait pas encore. Plus tard il découvrira qu’affirmer son désaccord c’est se poser en tant que personne à part entière et refuser de se perdre dans la fusion ; que derrière le doux nom de « doudou » auquel il répond depuis tant d’années, se cache un besoin de sécurité qu’il tente de combler perdant du même coup son pouvoir de séduction. Au lieu d’être gentil, il vaut mieux être vrai et retrouver ainsi sa virilité perdue. Enfin, il y a des choses qui ne dépendent que de son épouse et qu’elle seule peut régler. Il a beau la complimenter tous les jours, si elle n’est pas convaincue de sa beauté, rien n’y fera. Dans une histoire de couple, il y a trois individus : lui, elle et leur relation. Souvent, c’est dans les situations dramatiques que l’on s’en rend compte.
Le drame, justement, c’est de réaliser qu’il n’a pas de prise sur elle : « ma femme est comme une droguée !». Et il a raison à deux niveaux. Physiquement, il y a effectivement un lien de dépendance qui se crée sous l’effet de l’ocytocine secrétée lors du rapport sexuel de manière plus élevé chez la femme. C’est un lien qui est trop souvent sous-estimé par ceux-là même qui mentionnent (de manière abusive) les effets de la testostérone pour justifier l’infidélité masculine ! Sous cet angle, on peut déjà dire que les femmes ne trompent pas les hommes comme ils le feraient. Le vécu est biologiquement différent. Mais ça n’aurait que peu d’importance si la femme n’attendait pas de la relation extra-conjugale qu’elle la sauve de ses problèmes relationnels et personnels. L’autre niveau est donc la charge affective qui se cache derrière l’infidélité ou comment la femme utilise son amant pour se sortir des difficultés de son mariage et compenser ses angoisses. Une fois ses motivations inconscientes découvertes, elle peut tenter de trouver la manière la plus adaptée pour y répondre. C’est pourquoi, il me l’envoit.
« Jamais je n’aurais cru être capable de faire ça !» me dit-elle mi fière mi coupable. Je lui réponds que j’en suis convaincue. Ce ne serait certainement pas arrivé le cas contraire. Remarquons que les femmes sont toujours surprises d’être infidèle. Les hommes eux se rassurent. « Aimer les femmes », c’est dans leur nature. Il existe encore un tabou sur le fonctionnement du fantasme qui amplifie le sentiment de culpabilité et enferme dans l’imaginaire jusqu’au jour où on « craque ». Pourtant, le secret des couples fidèles c’est d’oser se partager leurs désirs, même les plus intimes, pour les mettre au service de leur amour. Utilisez donc la moindre attirance pour communiquer à l’autre vos manques, vos déceptions, vos frustrations. Passez aux mots plutôt qu’aux actes. Dans ce domaine, ils seront toujours moins douloureux. Première étape, révélez directement votre ébranlement pour stopper court votre imagination: « il est pas mal du tout cet homme ». Deuxième étape, Messieurs, faites preuve d’humour et de légèreté : « quoi ? Celui avec ses chaussettes blanches ? ». Troisième étape, nommez la chose précise qui vous plait : « il me fait rire ». Quatrième étape, exprimez votre sentiment « je me suis sentie divertie». Cinquième étape, formulez à l’autre quel est votre besoin : « en ce moment j’ai besoin de nouveauté car la routine de notre couple m’étouffe ». Ainsi les bases d’un bon dialogue sont posées : « dis-moi, ce qui t’étouffe ? Pourquoi ? Qu’est-ce qu’on pourrait faire pour changer ça ? ».
Ni les hommes, ni les femmes ne naissent fidèles. C’est un art qui requiert un certain savoir-faire et savoir-être. Ça s’apprend. J’observe que l’expérience certainement la plus douloureuse pour un couple peut être aussi l’occasion d’avancer vers une meilleure connaissance de soi et épanouir la relation à l’autre.