“Et toi, t’es PAM ou pas PAM?” La question a des allures de défis, la réponse sonne comme une obligation. Trois lettres comme un nom de code, trois lettres qui trahissent aussi le milieu religieux dans lequel la question circule encore. Vous ne comprenez pas? On vous demande si vous êtes “pas avant le mariage” ou pas “pas avant le mariage“.
Honnêtement, je l’avais oubliée celle-là! Après des années à l’étranger, je viens de retourner en France et je me la suis reprise en pleine figure par mes 60 jeunes filles de 16 ans d’un lycée privé parisien. Et pour cause, elles sont travaillées par cette réalité de l’amour ou plus précisément par le moment où elles feront (enfin) l’amour.
La tension est palpable. Où se situer entre la prescription moralo-religieuse et la pression sociale ambiante? D’un côté, une éducation qui sonne trop souvent comme une série d’interdits: ne pas coucher avant le mariage, ne pas prendre la contraception, ne pas se donner du plaisir en solitaire, etc. De l’autre, des devoirs a remplir: il faut multiplier les expériences sexuelles pour apprendre à se connaître, il faut prendre la contraception, il faut faire l’amour avant le mariage et cohabiter pour se tester, etc.
Ces extrêmes ont comme point commun de rendre l’intimité publique. Chacun se voit contraint de justifier ses choix sexuels et de prouver aux autres qu’ils sont les meilleurs. Plus que jamais, les discours normatifs sur la sexualité existent et s’introduisent insidieusement…
Moi-même, je me suis vue soumise au même traitement. Je regrette d’avoir si souvent répondu à ces questions impudiques, à l’époque d’avant mon mariage . Mais au contact des jeunes, je me rappelle combien cette curiosité reste et est omni-présente, malsaine et oppressante. Qui peut y échapper? Souvenez-vous, lycéens, vous saviez (ou croyiez savoir) exactement qui l’avait fait ou non.
Face à cette situation, j’oppose un discours éminemment positif. Au diable donc les “ne pas” et autres interjections négatives à tout va! C’est aussi une manière positive d’accueillir les sentiments, les désirs et les pulsions: ils n’ont en eux-mêmes rien de mauvais, au contraire! C’est ce que l’on en fait qui peut être l’objet d’un discernement.
Et puis, je sors d’un discours moral qui engendre une culpabilité. Dans ce domaine, il ne s’agit pas de designer seulement un bien “en soi” mais de découvrir ce qui est bon pour soi (ou que les deux peuvent coïncider). On dédramatise aussi. Pas pour minimiser mais pour lâcher cette pression qui fait obstacle à l’amour.
Enfin, je veille sérieusement au respect de l’intimité de chacun. Concrètement, on ne pose pas de questions personnelles devant tout le monde; je réserve des temps d’accompagnement individuel pendant mes sessions. Tout l’art est d’être capable de parler de la sexualité et de l’amour sans partager à tous son vécu qui ne regarde que soi.
Réintroduire de la pudeur quand la sexualité s’étale à la vue de tous, c’est un de mes objectifs.
Cela étant dit, le meilleur moment pour faire l’amour (avant/pendant/hors mariage) peut-être l’objet d’un très bon billet! Je me le garde pour très bientôt. Restez donc connecté!
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