“Pourquoi cette fille culpabilise? Est-ce qu’il ne faut pas juste lui dire que ce n’est pas un problème de se masturber!” C’est la question qui m’est posée à la suite de mon post précédent: “Je me masturbe et je veux arrêter!”
Autrement dit, peut-on penser qu’en dédramatisant voire même en valorisant la masturbation, la culpabilité disparaît? En fait, c’est une question très “philosophie morale” tout ça: est-ce que la culpabilité est la cause d’un discours ou intrinsèque à l’acte?
Et justement, dans la question de cette jeune fille, elle précise qu’elle est chrétienne (mais nous ne savons pas de quelle Église). Or, par exemple l’Eglise catholique est très claire sur le sujet: la masturbation est “un acte intrinsèquement et gravement désordonné. Quel qu’en soit le motif, l’usage délibéré de la faculté sexuelle en dehors des rapports conjugaux normaux en contredit la finalité (…) la donation mutuelle et la procréation humaine”. On est là dans un discours moral pur et dur avec des mots comme “gravement” ou “normaux” et une condamnation d’un certain plaisir! Hum… C’est pas fait pour rendre très paisible, effectivement!
Alors fatalement, on a vu apparaitre des campagnes comme “Osez le clito”! L’objectif étant d’encourager la pratique en criant haut et fort que c’est quelque chose de bon et que “trop peu de personne ont la chance d’en profiter”, peut-on lire sur leur site. C’est aussi un fameux discours moral avec une certaine conception de la sexualité. Est-ce que la conscience est vraiment plus légère après? Pas nécessairement.
Pour le comprendre, avez-vous déjà connu la violence d’un c’est pas grave renvoyé par un proche ou un psy après avoir partagé une souffrance? Ça rend fou, non? Qui est-il pour juger de la gravité ou non de ce que je suis en train de vivre? Car le mal-être dépend aussi du contexte et du sens que l’acte prend dans la vie de la personne. Il peut donc être intérieur et pas seulement relatif à un discours qui le légitime ou non. Surtout dans le domaine sexuel où un même geste (techniquement parlant) peut être le lieu d’un crime ou d’un bonheur ultime!
Mon rôle dans l’accompagnement n’est jamais d’imposer ma vision des choses mais d’être dans l’empathie d’abord pour rejoindre la personne dans sa réalité. Je sors donc d’un discours sur le bien et le mal en soi, pour entendre ce qui emprisonne ou libère la personne qui me parle à cet instant.
Après, j’aime à confronter les réalités rencontrées aux idées véhiculées pour observer si ces discours sont réalistes ou idéologiques… Mais sur ce point de la masturbation, les deux camps semblent capter une réalité tout en omettant le reste ce qui les rend réducteurs… J’espère que j’aurai l’occasion de développer une critique sur ce point prochainement.
T.