Être fidèle par peur de décevoir l’autre, peur d’être pris en défaut, peur d’être humilié publiquement, peur de perdre la relation, c’est le meilleur moyen de ne pas y parvenir. « Car après tout, si ça reste secret, je ne fais pas de mal… » se dira-t-il quand l’envie le prendra. Et c’est ainsi que sans s’en apercevoir, l’individu construit les fondations de la structure psychologique qui conduit à la faute morale : se persuader soi-même que la faute n’existe que dans le regard d’un tiers. « De toute façon, ça ne regarde-moi » poursuivra-t-il, « On a tous le droit d’avoir un jardin secret ! ». Telle est la pensée suivante pour évacuer la culpabilité : se faire croire qu’il est possible de vivre dans plusieurs réalités sans que celles-ci ne communiquent entre elles. L’illusion peut durer, un temps seulement. La vérité finit toujours par se savoir.
Quand l’affaire est révélée, il dira «C’est un coup de canif dans le contrat, peut-être. Mais ce n’est rien comparé à tout ce que l’on a construit ensemble ». Minimiser, relativiser, tenter d’effacer.
Être fidèle nécessite une connaissance de soi, une acceptation de ses limites et une capacité à s’en ouvrir à quelqu’un pour ne pas rester seul avec ses sentiments, ses fantasmes, ses désirs. La fidélité c’est donc d’abord et avant tout une affaire personnelle : être en vérité avec soi-même, c’est l’enjeu d’une vie.
Quel est intérêt d’être fidèle? On en parle longuement dans « Aime, et ce que tu veux, fais-le! », Albin Michel, 2018.
#