“Je vous écris car mon copain (depuis 2 ans, à qui j’ai demandé de ne pas faire l’amour avant de se marier) ne vit que moyennement bien cet engagement qu’il parvient tout de même à honorer, surtout parce qu’il couchait avec sa copine d’avant. Il a terriblement peur que le mariage ne soit pas un cadre sexuellement épanouissant. Dans l’idéal, il aimerait coucher avant pour se mettre en harmonie. En fait, il a peur qu’en se mariant la libido ne retombe. Moi qui n’ai jamais couché avec personne, j’ai bien du mal à le rassurer.” question posée via la page contact.
Pour rassurer quelqu’un, minimiser sa peur à coup de “mais non, y a pas de quoi…” ou dérouler un argumentaire “tu te trompes et je vais t’expliquer pourquoi ne pas avoir peur” est aussi inutile que profondément irrespectueux. La peur est une émotion très importante car elle nous invite à la prudence. Et la prudence est une vertu essentielle dans les relations intimes même si un certain romantisme voudrait la dénigrer. Croyez moi, c’est une chance pour vous que votre copain soit sceptique face à l’abstinence avant le mariage! Ses inquiétudes vous obligent à sortir d’une certaine naïveté. Elles vous invitent à penser et rechoisir ce que vous m’exprimez être un engagement.
On a toujours une bonne raison d’avoir peur. Si j’ai peur, c’est que j’ai déjà vécu directement ou indirectement une expérience négative. Quand je suis dans une certaine situation qui me rappelle ce vécu, la peur m’envahie. Il faut donc écouter avec empathie et non mépris les origines de cette peur.
Après l’avoir remercié de vous faire part de ses doutes (preuve de la confiance qu’il vous fait), osez demander ensuite à votre copain les expériences qui le font penser ainsi: a-t-il des parents, amis, frères ou sœurs, qui ont regretté amèrement s’être abstenu sexuellement avant le mariage? A-t-il connu l’infidélité d’un proche et interprété que le mariage n’était pas nécessairement le lieu d’un épanouissement sexuel? A-t-il pu expérimenter qu’hors mariage, les unions sexuelles pouvaient être épanouissantes? Et vous? Vous avez dû entendre ou être témoin d’expériences positives qui vous ont fait penser ainsi: lesquelles? Si ce n’est pas le cas, enquétez autour de vous pour les découvrir. Partagez-les lui: elles ont autant de valeur que les siennes.
Vous vous aimez? Ecoutez d’abord vos vécus pour connecter vos cœurs avant d’entrer dans un débat d’idées! Vous n’êtes pas sur un plateau TV, c’est votre lien qu’il s’agit de resserrer, une occasion en or vous est ici donnée!
Ensuite seulement vient le moment de réfléchir ensemble à son inquiétude: est-elle réelle ou imaginaire? Qu’en pensez-vous? Là, il s’agit d’éclairer votre intelligence à tous les deux en s’informant et en demandant conseil.
A ce propos, il n’a pas tort de redouter que le mariage puisse casser quelque peu la “libido”. Je vous propose de trouver des éléments de réflexions sur le sujet dans mon post: Mariage et fantasmes sont-ils compatibles? et sa deuxième partie.
Mais l’abstinence sexuelle avant le mariage peut aussi avoir beaucoup de sens… même pour l’épanouissement sexuel! Sur ce point (puisque c’est celui que vous évoquez), l’idée est de se préparer à se donner pleinement à l’autre le jour du mariage et de le recevoir physiquement. Autrement dit, d’incarner c’est-à-dire de vivre dans le corps, le “je me donne à toi et te reçois” prononcé lors du mariage! Il ne s’agit donc pas d’une attente passive sous forme d’un “tout ou rien” (à l’ancienne): avant on ne fait rien et après on fait tout d’un coup! Ni même d’un “tout sauf la pénétration” (très commun de nos jours) qui engendre frustrations, tensions et habitue à une intimité sexuelle réduite à la stimulation des zones érogènes et génitales…
Il me semble préférable d’apprendre à se découvrir très progressivement – au sens propre et figuré! Au lieu de se précipiter sur les organes génitaux, le couple apprend à développer de la sensualité en “érotisant” au fur et à mesure les zones du corps qui semblent ne pas l’être: les mains, le visage, les pieds, etc. par un toucher, par des baiser, par une attention et un regard d’amour sur l’ensemble du corps de l’autre…
Il existe une frustration positive, celle qui suscite le désir et développe la créativité. Mais il existe aussi une frustration négative quand le temps de l’apprivoisement est terminé et que le “oui” du mariage tarde à être prononcé… Il faut donc sans cesse veiller au timing, au dosage et faire preuve d’audace s’il devient nécessaire d’accélérer les préparatifs matériels, qui sont très souvent disproportionnés, pour que cette période ne s’éternise pas.
Sur la question de la compatibilité, je vous invite à lire mon post: Question: Faut-il se désirer sexuellement pour se marier?
En conclusion ma réponse est simple. Votre copain a raison de s’inquiéter que le mariage ne soit pas un lieu d’épanouissement sexuel car il n’y a pas de lien de cause à effet systématique du genre: “parce qu’on s’est attendu avant le mariage, nos unions sexuelles seront heureuses” ou encore, “Les relations sexuelles ne sont pleinement satisfaisantes que dans le mariage”. Par contre, pour qu’elles le soient véritablement, il faut se préparer activement à l’union totale des personnes et se donner les moyens une fois marié de susciter le désir de l’autre, encore et toujours.
Un post est un peu court pour aborder cette question qui me tient pourtant à cœur. Je poursuivrai, c’est certain.
T.
Sur le même sujet à lire encore:
- Opinion: T’es PAM ou pas PAM? (pas avant le mariage ou pas pas avant le mariage)!