Polémique sur la contraception: pourquoi proposer un médicament pour les femmes?

Plus un seul média n’a omis de rapporter la dangerosité de certaines pilules contraceptives. Forcément ça devait arriver: un médicament a toujours potentiellement des effets secondaires indésirables. Mais ici, ce n’est pas un médicament comme les autres. Il s’agit du moyen le plus utilisé par les femmes uniquement afin d’empêcher la fonction reproductive.

Depuis toujours, la contraception hormonale m’interpelle. Bien sûr, nous devons avoir des moyens pour réguler les naissances. C’est certain. Mais pourquoi avoir choisi un médicament pour les femmes? N’y avait-il pas d’autres alternatives? On est capable d’aller sur la lune alors ne me dites pas le contraire! Ce n’est pas une question de capacité technique, c’est un choix idéologique.

J’ai voulu savoir. En 2008, j’ai cherché et j’ai trouvé beaucoup de réponses à mes questions. En fouillant dans mes cartons, je suis retombée sur mon mémoire de DEA de philosophie  intitulé: “Contraception, je t’aime moi non plus!” Entre les femmes et la pilule, c’est l’histoire d’un amour tragique. C’est un amour qui n’est pas réciproque. Les femmes en ont fait un symbole de liberté et il l’était certainement à l’époque. Mais derrière se cachent des enjeux économiques, éthiques, de pouvoir et de santé qui remettent aujourd’hui en cause ce symbole.

Je vous partage en “vrac” quelques extraits d’un des chapitres de mon mémoire que je suis en train de lire… en guise de petite introduction, car il y a tant à dire!

D’abord vous allez bondir. Peut-être qu’après, ils vous feront réfléchir. Et puis, qui sait, vous aurez peut-être envie de poursuivre ?

Je n’ai qu’un objectif: que la parole des femmes et des hommes se libèrent à propos de la contraception hormonale pour qu’ensemble nous sortions de la nostalgie et allions de l’avant !

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“La totalité des médicaments proposés afin de rendre infertiles les rapports sexuels sont destinés aux femmes. (…) pourquoi la médecine a-t-elle décidé de créer un contraceptif supprimant temporairement la fertilité des femmes (et non des hommes)?”

“Le médicament se définit comme une substance administrée dans l’espoir soit de traiter ou de prévenir une maladie, soit de restaurer, corriger, modifier des fonctions organiques. Autrement dit, la contraception médicalisée implique l’idée de la maladie ou du dysfonctionnement dont elle tente d’être la solution. Mais quelle est-elle, cette maladie présente ou potentiellement présente dans le corps des femmes ? Pourquoi faudrait-il corriger ou modifier la fonction reproductive féminine ? Comment le médecin peut-il justifier son action sur le corps des femmes fertiles et capables de mener à terme une grossesse ? Pour la majorité des femmes qui ne l’utilisent pas comme traitement, l’usage de la contraception n’est-il pas le témoin du bon fonctionnement du corps ?”

“La contraception moderne n’est pas pensée pour rétablir un ordre mais pour en arrêter le fonctionnement en modifiant l’organisme de l’intérieur. Dans ce sens, elle n’a aucun caractère thérapeutique. (…) D’autant plus que le médicament suscite des inquiétudes sur les effets secondaires qu’il pourrait provoquer. (…) Comment la médecine va-t-elle pouvoir prescrire un médicament pour des femmes qui ne sont pas malades alors qu’il pourrait provoquer des effets secondaires non-souhaitables pour la santé?”

“Non seulement les contraceptifs modernes modifient l’état normal d’un organisme féminin sain mais ils peuvent aussi l’affaiblir, détruire de manière irréversible la fertilité et favoriser des maladies.(…)  Face aux effets secondaires, ne devrait-on pas accuser les médecins qui prescrivent la contraception de favoriser des pathologies, très graves pour certaines, chez des femmes qui étaient au départ en « bonne santé » ?”

“Pour se protéger, la médecine a trouvé deux issues de secours dédramatisant le rôle de la contraception dans les pathologies observées chez les utilisatrices et évitant d’arrêter leur consommation. La première issue est d’insister sur les autres facteurs favorisant le développement de ces maladies, comme une mauvaise hygiène de vie (consommation de tabac ou excès de stress, par exemple). Ce ne serait donc pas la contraception qui serait fondamentalement mauvaise pour la santé mais d’autres comportements de la femme. (…) Autre raison : les femmes sous contraception qui développeraient une maladie y seraient en fait prédisposées  (antécédents dépressifs ou terrain familial cancéreux, par exemple). La contraception médicamenteuse n’en serait donc pas la cause mais jouerait le simple rôle de facilitateur, comme d’autres produits.”  

“La seconde issue est le morcellement de la médecine en différentes spécialités. Cette stratégie l’empêche d’avoir un regard général sur le corps féminin pour y penser les liens de cause à effet entre la consommation d’une contraception hormonale  et l’apparition de certaines maladies. (…) Les femmes renvoyées de spécialiste en spécialiste, les effets d’une substance agissant sur l’ensemble de son organisme peuvent alors être dissimulés.”

“Le perdant à ce jeu de « cache-cache » est la femme qui souffre car après tout, c’est elle qui a utilisé ce type de contraception ; elle pouvait en décider autrement. Au moment crucial, elle seule peut répondre de son acte : « oui, j’ai pris cette contraception pendant autant de temps » ou « oui, j’ai demandé au médecin de me poser tel objet contraceptif dans le corps ». Savait-elle les risques qu’elle encourait ? Oui,  puisqu’ils sont soigneusement cités dans la notice accompagnant son produit. Alors, à qui d’autre peut-elle en vouloir qu’à elle-même ? C’est à elle que revient la responsabilité.”

“L’acharnement à maintenir ce type de contraception malgré les risques qui lui sont inhérents s’explique par la prise en charge offerte par la médecine soit pour prévenir et diagnostiquer les maladies, soit pour les traiter. (…)  Une maladie qu’ils ne guérissent pas mais à laquelle ils savent apporter un certain soin en atténuant les effets, ralentissant le rythme ou en supprimant la partie du corps malade. A ce drame de l’effet en cascade, les cyniques répliqueront : comment rendre malade la moitié de la population qui ne l’est pas ?”

“En fait, peu importe que la médicalisation de la fertilité apporte ou non de nouvelles maladies. Ce n’est plus elle qui compte pour évaluer l’état de santé. Dorénavant, l’individu devient le principe sur lequel la médecine se fonde, préoccupée par son bien-être que lui seul peu définir. Peut-être ses activités sexuelles importent plus que sa santé ? Son apparence physique (boutons par exemple) plus que les troubles intérieurs, qui ne se voient pas ? Son absence d’enfant plus que le développement anarchique des cellules qu’il favorise ? Le sujet est le seul juge pour évaluer ses besoins. La définition de la santé a changé et avec elle l’objectif de la médecine. “

***

“Les nouvelles contraceptions s’insèrent complètement dans cette logique marchande. On aurait pu pourtant imaginer le développement d’un savoir sur la fertilité suffisant pour réguler les naissances qui, une fois assimilé, n’aurait plus aucun coût pour le couple. Or, tous les moyens mis en œuvre pour rendre infertile les femmes sont l’objet de nombreuses transactions financières entre plusieurs acteurs économiques : les laboratoires pharmaceutiques sont les fournisseurs, les médecins sont les marchands, les pharmacies sont les distributeurs, les femmes en âge de procréer sont les consommateurs, soutenues par l’Etat (au travers de la sécurité sociale dans certains pays) et des mutuelles. L’importante chaîne économique dévoile l’ampleur du marché directement marqué par la concurrence entre les différents produits contraceptifs. “

Le marché de la contraception est particulièrement lucratif puisqu’il concerne la moitié de la population (les femmes) pendant une période d’environ 30 ans. La concurrence est réelle avec, à l’heure actuelle, une dizaine de techniques médicamenteuses. Toutes ont un prix mais celui-ci varie en fonction des visites médicales que la technique appelle et de sa durée. Le calcul économique se présente ainsi : si le coût est moindre, il en résultera une consommation régulière du contraceptif, ce qui finalement équivaut aux moins à une contraception plus onéreuse au départ mais ne nécessitant plus d’investissement financier par la suite. Il n’en reste pas moins qu’une fois sous contraception, le médecin s’assure des rendez-vous réguliers de sa « cliente » pour contrôler les risques liés à sa consommation ou recevoir l’ordonnance nécessaire pour sa procuration. Une fois le « produit » (le médicament contraceptif) acheté chez le vendeur  (le pharmacien) sous le conseil du « prescripteur » (le médecin), le « service après vente » (le suivi gynécologique) est garantit soit dans le cas où le produit serait déficient (avortement) soit pour « réparer » les effets secondaires (traitement).”

“Au travers de la médicalisation de la fertilité, le corps des femmes est devenu le lieu d’un marché économique convoité par les entreprises pharmaceutiques grâce à la complicité des médecins. Les femmes, pour leur part, sont des consommatrices.” 

“Le « business » est tel que le médecin peut difficilement échapper aux risques qui lui sont inhérents de privilégier la logique économique au bien de la femme. La présence d’un texte de loi tentant de le réglementer en est un signe visible. Quel intérêt aurait-il à proposer à la femme une alternative à la médicalisation de la fertilité ? Economiquement parlant, aucun. Les alternatives qui intéresseront sans doute davantage les « soutiens à la consommation » c’est-à-dire l’Etat (pour la France et la Belgique qui les remboursent en partie) ou les mutuelles.”

à suivre…

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