Pour sauvegarder la planète, il faudrait arrêter de procréer. Vraiment ?
Un an après ce débat chez Ardisson, je réponds à la question en attaquant le mal à la racine dans Qu’est-ce qui pourrait sauver l’amour ?
Extraits
Du couple princier Harry et Megan à la star de la génération Y Miley Cyrus en passant par les témoignages diffusés sur les chaînes d’informations pour les jeunes tel que Brut ou Konbini, la propagande médiatique insinue aux nouvelles générations qu’être responsable serait de ne pas ou très peu procréer. Les femmes sont à nouveau l’objet d’un contrôle pour protéger cette fois-ci la terre contre le danger de la surpopulation. Les familles nombreuses et plus largement les cultures centrées sur l’enfant sont non seulement décriées mais jugées pour leur irresponsabilité. Et pourtant, « Vu globalement, l’impact d’une diminution démographique draconienne dans les régions les plus pauvres d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine serait bien moindre que la diminution de cinq pour cent seulement des niveaux actuels de consommation dans les dix pays les plus riches » ! Ce ne sont pas les enfants qui sont la cause, mais l’individualisme. Ce que l’on ne veut forcément pas voir du coup, c’est que les familles nombreuses polluent « par tête » bien moins que les familles à enfant unique, le modèle de famille de la société individualiste. Vêtements, jouets, mobiliers sont partagés et réutilisés, les déplacements limités, les déchets diminués. Dans la famille nombreuse, on apprend à partager, à rendre service, à penser aux autres et aux plus petits en particulier.
Les lycéennes peuvent marcher chaque semaine pour le climat derrière la jeune Greta Thunberg, les étudiantes peuvent continuer de voter pour les partis écologistes. Mais, sans se rebeller contre le féminisme qui nous a conditionné à penser la liberté uniquement en termes d'égalité et d'indépendance financière, à quoi bon se targuer de trier ses déchets, de faire du vélo ou de pleurer la cause animale? Si nous croyons que la société d'abondance détruit peu à peu la planète, il faut logiquement abandonner ce féminisme matérialiste. Ici se situe la pierre d'achoppement : renoncer à son confort matériel résonne comme un renoncement à sa liberté individuelle. Difficile, alors, d'intégrer le concept de « sobriété heureuse », d'un bonheur qui se trouverait dans les relations humaines et non dans l'accumulation de biens matériels. Il faut dire que depuis le droit à la contraception et à l'avortement, chaque nouvelle naissance, en Occident, est soumise au crible du critère économique : si tu ne peux pas assumer seule financièrement cet enfant ou que cet enfant pourrait déstabiliser ton confort matériel (le développement de ta carrière, l'achat d'une nouvelle voiture, la nécessité d'un déménagement), alors il faut renoncer à le mettre au monde, sans quoi tu serais responsable de son malheur ou du tien. Au lieu d'éduquer ses enfants à vivre dans le respect de l'environnement, d'user de méthodes alternatives et écologiques pour se soigner, se vêtir, se nourrir, se déplacer, de plus en plus de jeunes femmes déclarent renoncer à la maternité pour sauver la planète. Fières de leur sacrifice, elles ne se rendent pas compte qu'elles sont prisonnières d'une idéologie, coincées dans une incohérence profonde entre leur conscience écologique et ce féminisme matérialiste et antiécologique qui a formaté leur façon de voir le monde. Prises en étau, elles se raccrochent à l'idée commune entre ces deux mouvements : l'enfant est une menace. Il est une menace pour la liberté des femmes, il est une menace pour la planète. Altérer volontairement son propre corps à coups de prises d'hormones, de dispositifs intra-utérins (stérilet) ou par la stérilisation et, en cas d'échec, en supprimant la vie d'un nouvel être pour préserver la planète terre, n'est-ce pas le signe d'une grave division de la personnalité, d'une perte préoccupante de contact avec la réalité, bref, d'une forme de schizophrénie?