Exactement la même chose que ce qu’il faudrait faire à chaque fois que nous sommes amoureux : écouter ce que cela révèle en nous! Car on ne décide pas d’être amoureux, ça nous tombe dessus. Peu importe la différence d’âge, de sexe, de milieu, de religion, peu importe le statut social, les engagements, les contraintes, cette attirance vers l’autre qui rend à la fois fébrile et terriblement vivant, se fiche de tout cela éperdument. Elle s’éprouvera à plusieurs reprises dans une vie et pour différentes personnes, c’est ainsi. Malgré une bague au doigt ? Oui. Mais alors, pourquoi prendre un engagement dans ce cas, si nous pouvons un jour tomber amoureux de quelqu’un (d’autre) ? Parce que se sentir amoureux n’implique pas nécessairement de se mettre en couple ! Nous baignons à tort dans cette confusion dramatique.
Comment est-elle ? Comment est-il ? C’est la première question à poser à l’amoureux : dis-moi, qu’est-ce qui te plait chez cette personne ? Quel bonheur d’écouter combien cet homme ou cette femme a ému par son charisme, son positivisme, sa passion, sa joie de vivre, son ambition, sa beauté, son regard, sa bienveillance, son intelligence ou que sais-je encore, par tant de belles choses qui réjouissent le cœur, qui le font vibrer. Ces qualités attirent car elles rentrent en résonance avec ce qui est cher pour soi-même et c’est parce que je les possède moi aussi, bien souvent en latence, endormies, étouffées par mon éducation, mon quotidien, mon conjoint, ma famille, mes engagements, ou par la vie tout simplement que je suis irrésistiblement attiré par celui ou celle qui les incarne.
C’est pour cette raison que l’on tombe plus fréquemment amoureux pendant les fameuses crises d’adolescence ou de milieu de vie, après la naissance d’un enfant ou à la suite d’une maladie, bref, dans les périodes de la vie où l’on est en quête de soi-même. De là à se mettre en couple, c’est une toute autre histoire ! D’abord parce qu’il faudrait un premier miracle : que le sentiment amoureux soit réciproque. Ensuite, que l’attraction physique et intellectuelle embrayent. Enfin, que les circonstances de la vie le permettent. Ça fait beaucoup, mine de rien !
« Je ne devrais pas ressentir cela, je n’ai pas le droit ! » se dit-on quand le sentiment amoureux s’entrechoque avec un engagement, des valeurs, des préjugés.
Pourquoi ? Premièrement, parce que nous ne sommes pas responsables de ce que nous ressentons. En revanche, nous le sommes en ce qui concerne nos actions. Mais la frontière entre nos émotions et nos actions a été brouillée depuis que l’on nous exhorte à « vivre selon son cœur » (par réaction à des siècles d’interdits et de contraintes) et que nos amours indiquent croit-on notre orientation sexuelle. « Tu es amoureuse d’une fille alors que tu l’es aussi ? Ca veut dire que tu es homosexuelle », voilà pour le raisonnement, on ne peut plus simpliste.
« Mais que va-t-on penser de moi si je confie ce qui habite mon cœur ? » craignent celles et ceux qui sont en plein discernement sur leur vocation ou déjà engagés dans une voie. « Mon mari va demander le divorce s’il apprend que je suis amoureuse d’un autre homme » s’inquiète les épouses. Il n’y a pourtant là non plus aucun lien logique mais l’opinion dominante dit que le sentiment amoureux est le critère sur lequel se mettre en couple ou s’en défaire. Nous avons une méconnaissance du fonctionnement du sentiment amoureux qu’il faut de toute urgence résoudre avant qu’elle ne continue à faire davantage de dégâts! Les sentiments vont et viennent. Ils ne sont pas quelque chose de figé. Le problème, c’est que lorsque les sentiments amoureux ne semblent pas se diriger vers ce que nous pensons être bon, la culpabilité s’empare de la personne et l’enferme dans un silence qui n’aura pas d’autre effet que d’intensifier son sentiment amoureux.