Témoignage : Je déteste le porno pour tout ce qu’il a détruit en moi

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Bonjour Thérèse,

Je m’appelle A. et j’ai bientôt 36 ans.

Je déteste le porno pour tout ce qu’il a détruit en moi de vrai besoin de relation humaine et de faux remède à l’isolation. 

Il vient dicter des standards de relations faussement consenties, faussement naturelles, qu’il tue le fantasme, et qu’il est fondamentalement un mensonge.

A 36 ans je suis passé du porno “bon enfant” de canal + de mon adolescence où il restait une once de “franchouillardise” et d’humour dans les titres et les films qui, à défaut de gommer de ma tête l’idée qu’il fallait avoir un sexe énorme ou faire telle ou telle pratique, avait au moins le mérite de mettre un peu de distance et de ne pas le prendre trop au sérieux, au porno actuel violent, sadique, sans limite, pervers, faisant du moindre fantasme un besoin à accomplir et à assouvir, rendant presque grandissante l’angoisse de le faire dans le monde réel. “Mon Dieu, et si ça m’arrivait de me faire sauter dessus par ma belle mère ?”.

Cela imprime en nous des autorisations implicites à repousser des limites dont nous n’avons tout simplement pas besoin, voire même tout à fait néfastes pour nous.

Je n’ai pas vu une seule interview d’actrice porno défendant ou assumant son métier dans laquelle il n’y avait pas de manière flagrante eu un choc psychologique ou une fragilisation émotionnelle derrière. Des témoignages qui parfois amènent de l’empathie mais qui ne vont jamais ou rarement jusqu’à dire : j’en ai eu besoin et il m’a aidé à ce moment là, mais cela reste fondamentalement un milieu de merde. 

Loin d’être une pratique à la marge, il est devenu un sable sournois qui se loge dans les moindres failles technologiques permettant d’atteindre une personne, et nous entraîne dans son monde dégueulasse de fric et d’exploitation toujours plus pernicieuse à tous les niveaux.

J’avais au téléphone une conversation avec un ami, nous avons de réelles proximités de vues – et ne sommes ni catholiques ni baptisés ni lui ni moi, après l’un des débats auxquels vous aviez participé.

Mon ami a eu cette phrase qui a tout résumé : “je sais pas ce que j’en pense, tout ce que je sais, c’est que ça m’a détruit cette merde”.

Voilà, tout est dit. 

A., 36 ans.

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