“Je suis très inquiète à l’idée de vous confier les difficultés que je traverse dans mon couple car je tiens à mon mariage et j’ai très peur que vous m’encouragez à me séparer en entendant ce que je vais vous dire” m’expriment quasi systématiquement les femmes qui me contactent.
C’est qu’elles sont conscientes de la dualité qui les habitent et ne souhaitent pas que j’entende leurs cris seulement au premier degré. Elles sont aussi conscientes d’une certaine pression de la société contemporaine. Elles veulent pouvoir me dire “Je n’en peux plus de mon mariage” sans que je les pousse au divorce, “Je suis amoureuse d’un autre homme” sans pour autant que je les encourage à courir dans ces nouveaux bras, “Je suis frustrée sexuellement” sans se sentir condamnées à une incompatibilité perpétuelle, ou encore “Je suis abattue par ma grossesse”sans avoir pour unique réponse son interruption. Autrement dit, elles veulent réussir à vivre leurs valeurs malgré les sentiments contradictoires qu’elles éprouvent, arrêter ce grand écart désespérément douloureux lorsque l’on manque de souplesse!
“Si je mets des mots sur mes malaises, je vais leur donner une place qui risque par conséquent de détrôner mes engagements et mes responsabilités. Est-ce que ma volonté résistera aux aléas de mon coeur?”.
L’inquiétude est légitime. Encore plus aujourd’hui où le bien-être émotionnel est une valeur absolue, un critère de discernement. Qui n’a jamais eu vent de divorces provoqués à la suite d’un développement personnel, de séances d’analyses ou de psychothérapies permettant non seulement de mettre des mots sur les malaises existant mais en plus d’éveiller des désirs enfouis et renforcer l’estime et la confiance en soi nécessaire pour oser choisir un nouveau chemin?
Me contacter peut paraître risqué, j’en consens. Et pourtant, cela ne devrait pas l’être et cela, pour trois raisons.
D’abord, parce que mon travail est d’aider à verbaliser ses émotions et ses ressentis, non pas pour s’y arrêter mais parce qu’elles/ils sont porteurs d’un message personnel que notre intelligence peut décoder. En réalité, dans la très large majorité des cas, ce n’est pas directement l’autre qui est à remettre en question. C’est soi-même. Il se passe, dans la vie de couple, un jeu de miroir permanent: l’autre me renvoie à mes fragilités et difficultés personnelles (manque de confiance ou d’estime de soi, peurs présentes depuis l’enfance, conflit avec ses parents, etc.). Une fois nommées, nous pouvons renforcer ces fragilités et les dépasser pour qu’elles arrêtent d’encombrer notre vie conjugale et sexuelle.
Ensuite, parce que je suis capable d’entendre beaucoup de choses (vous n’avez pas idée!) sans m’en offusquer quand je suis à l’écoute des personnes que j’accompagne. C’est l’empathie qui m’habite, non le jugement. C’est cette relation professionnelle qui me donne une telle présence et écoute, car dans mes relations amicales et familiales, je n’ai pas le recul nécessaire pour une telle présence! L’amitié offre, il est vrai, une toute autre écoute. Car si, en effet, nos vrais amis partagent nos joies et nos tristesses, ils sont en revanche trop proches affectivement pour se détacher de leur propre vécu ou idées. Vous le voyez quand ils commencent leur phrase par “Moi, à ta place”, “Il faut que tu”,”Tu devrais”… Ce n’est pas mon cas quand je suis dans le cadre d’un accompagnement; vous pouvez avoir confiance en ma bienveillance.
Enfin, parce que mon travail ne consiste jamais à donner un conseil sur une orientation de vie. Ce que j’essaye de “débloquer” c’est la liberté de la personne. Etre libre, ce n’est pas faire ce que l’on veut, comme on veut. Etre libre, c’est être capable de choisir le bien, son bien. De nombreux obstacles intérieurs nous empêchent d’exercer notre liberté, c’est ceux-là qu’il faut lever. En pleine crise conjugale, le défi est de se re-choisir. Parfois, il apparaît clairement à l’un ou à l’autre des conjoints – ou aux deux – que ce n’est plus possible. Dans mon expérience, j’ai pu observer que c’était souvent le cas lorsqu’une tierce personne s’est introduite depuis longtemps dans le coeur d’une épouse, pas tant dans les autres situations.
Je me souviens d’un de mes professeurs qui disait : “On ne choisit jamais ses conseillers par hasard. C’est en fonction de la réponse qu’on veut obtenir qu’on leur fait appel!”
C’est pourquoi j’ai créé ce blog: pour me présenter et exposer mon travail ; pour développer une relation de confiance avec vous.
T.