Je réponds à toutes vos questions au sujet de la pornographie.
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Absolument aucun. J’ai reçu en consultation des fillettes de 12 ans portant serre-tête dans les cheveux et ballerines aux pieds, qui consommaient du porno depuis des mois avant que leurs parents ne s’en aperçoivent en regardant l’historique sur la tablette. J’ai reçu un nombre incalculable de pères de familles aux épouses adorables qui en consomment dans leur dos. J’ai reçu des jeunes filles et des jeunes garçons au parcours scolaires et à la présentation impeccables sous l’emprise d’images violentes dont ils n’arrivent pas à se passer. La particularité avec le porno, c’est que c’est impossible de deviner qui en consomme ou pas.
Oui, la pornographie est une drogue dure. Le mécanisme de la récompense est enclenché au moment de la première exposition. Le cerveau a fait l’expérience du plaisir sexuel en regardant ces images. Dorénavant, il en voudra encore et toujours plus. Pour obtenir le niveau d’excitation nécessaire, il faudra augmenter la dose c’est-à-dire rechercher la mise en scène de fantasmes de plus en plus transgressifs et violents.
Il y a évidemment toutes les dysfonctions sexuelles qui viennent de ce que nous, les sexologues nous appelons, les « angoisses de performance ». La peur de ne pas être à la hauteur, peur de ne pas réussir à faire jouir, peur de ne pas provoquer autant d’excitation, peur du jugement… La peur est le pire ennemi de la sexualité ! Ces angoisses provoquent des dysfonctions sexuelles bien connues des sexologues : perte de l’érection, vaginisme ou anorgasmie par exemple. Ces images fabriquent des complexes aussi. Elles introduisent de la honte de soi, de l’insécurité : des obstacles majeurs à la vie sexuelle épanouie. On peut constater aussi une incapacité à vivre la fidélité sexuelle quand depuis l’adolescence on a laissé libre court à la pulsion sexuelle au travers de la consommation de pornographie au lieu d’apprendre à la maîtriser.
Il faut arrêter de faire preuve de mauvaise foi ! Pour s’autoriser à en regarder alors qu’il sent bien tout au fond de lui que ces images ne lui font pas du bien, le consommateur se ment à lui-même et se raconte un tas d’histoires : « Tout le monde en regarde donc c’est normal », « Je fais de mal à personne, ces gens-là sont consentants », « Le porno n’a aucun influence sur ma vie sexuelle », « J’arrêterai le jour où je serai dans un couple stable », « C’est toujours moins grave que de fumer, de boire ou de se droguer », etc.
La dépendance, on ne la voit pas s’installer. Sans quoi on cesserait directement de consommer la chose à laquelle on pourrait s’attacher. Personne, absolument personne, ne désire être dépendant de quoi que ce soit et c’est pourquoi, on se défend toujours de l’être. L’extraordinaire pouvoir de l’industrie pornographique est d’entretenir cette illusion. Comment ? Grace à la vidéo à la demande. L’écran permet de maintenir un sentiment de liberté car dans les faits strictement personne ne vous contraint à en regarder. Vous pouvez refermer votre ordinateur quand vous le voulez, éteindre votre portable ou cliquer sur l’icône pour fermer la fenêtre. Si vous ne le faites pas, c’est que vous ne le voulez pas. Si vous ne le voulez pas, c’est que vous aimez ça. Si vous aimez ça, vous n’êtes pas dépendant : regarder du porno est un choix conscient que vous assumez entièrement.
La mauvaise foi, c’est le caractéristique principale du consommateur de pornos ! Pour s’autoriser à en regarder alors qu’il sent bien tout au fond de lui que ces images ne lui font pas du bien, le consommateur se ment à lui-même et se raconte un tas d’histoires : « Tout le monde en regarde donc c’est normal », « Je fais de mal à personne, ces gens-là sont consentants », « Si personne ne le sait, y a pas de problème », « Le porno n’a aucun influence sur ma vie sexuelle », « J’arrêterai le jour où je serai dans un couple stable », « C’est toujours moins grave que de fumer, de boire ou de se droguer », etc.
L’addiction à la pornographie c’est 80% d’idées fausses dans la tête qu’il faut corriger et 20% d’accoutumance à ce type de plaisir sexuel dont on peut se passer grâce à un meilleur équilibre de vie : exercices physiques, reconnexion avec la nature, activités manuelles, servir une cause, nourriture intellectuelle et spirituelles, etc.
Arrêter de regarder du porno, ce n’est pas une question de volonté, c’est une question de lucidité. Personne n’a de mal à ne pas manger une pomme pourrie. Une fois que tu vois le porno comme de la pourriture, tu n’as plus aucun mal à en consommer.
L’érotisme est nécessaire à la vie sexuelle heureuse, pas la pornographie. Nous confondons érotisme et pornographie particulièrement depuis que l’industrie pornographique a envahi Internet. Si vous tapez le mot « érotisme » dans votre moteur de recherche vous tomberez sur du contenu pornographique. Du grec « érôs » qui signifie « le désir amoureux », l’érotisme désigne l’ensemble des productions culturelles et artistiques qui expriment et suscitent le désir charnel là où la pornographie provoque et nourri la pulsion sexuelle.
L’érotisme a ce pouvoir d’ouvrir l’imaginaire, susciter le désir, laisser place à la créativité. Il existe des récits érotiques, des podcasts érotiques, des films érotiques, des photos érotiques, des musiques érotiques, des peintures et des sculptures érotiques, des pièces de théâtres érotiques… mais vous ne les trouverez pas facilement sur Internet. Il faut souvent sortir dans des lieux artistiques pour les retrouver.
Arrêter la pornographie ne veut pas dire arrêter la masturbation. Confondre masturbation et pornographie est à mon sens une erreur. La masturbation est une capacité naturelle à se donner du plaisir. Dès le plus jeune âge, les enfants explorent leur corps et découvrent par eux-mêmes qu’il est possible de ressentir du plaisir en stimulant des zones de leur corps que l’on appelle érogènes. Certains utilisent pendant l’enfance déjà ce plaisir quand ils s’ennuient, se sentent stressés, angoissés ou tristes dans l’espoir de se détendre. A l’adolescence, la masturbation peut être associée à des pensées sexuelles, des fantasmes. A l’âge adulte, elle peut se vivre dans le cadre d’une exploration joyeuse et assumée de la sexualité mais aussi de façon compulsive pour évacuer ses émotions désagréables. Dans ce dernier cas, le problème est que le plaisir sexuel ne va pas résoudre la cause du mal-être. Celui-ci reviendra très rapidement après l’instant de détente et l’individu peut se sentir enfermé dans un comportement répétitif qui ne règle rien.
Quelle que soit l’intention, l’être humain n’a pas besoin de pornographie pour se masturber. Il peut utiliser son propre imaginaire pour faire montrer son excitation et arriver à la jouissance. Quant à la pornographique, elle est un support à la masturbation : elle ne se regarde pas sans masturbation puisqu’elle est fabriquée pour ça. Souvent, les enfants et les adolescents découvrent la masturbation par le biais de la pornographie avant même d’avoir développé leur propre imaginaire érotique. L’industrie leur « offre » des images pré-fabriquées : ils n’ont plus à élaborer leurs propres scénarios. Et puisque l’être humain recherche toujours la facilité, à quoi bon y renoncer ! Résultat ? Les générations qui ont grandi avec le porno ne savent pas imaginer par eux-mêmes : dès que la tension sexuelle monte, ils ont le reflexe porno. L’industrie pornographique a pris en otage leur imaginaire.
Il y a la perte de motivation pour rencontrer une personne avec qui vivre une vie sexuelle : « Madame, c’est tellement plus facile de regarder du porno que d’aller draguer une fille ! » me lançait encore dernièrement un lycéen lors de l’une de mes interventions que je donne dans les établissements scolaires. Il y a aussi un énorme problème concernant le respect du consentement : « Madame, quand la fille elle dit non, en fait elle dit oui mais elle n’assume pas ! » me disent tout le temps les lycéens car c’est ce qu’on leur donne à voir dans de nombreuses vidéos pornos. Je rappelle un chiffre : 88% de la pornographie consommée concerne des scènes explicites de violences sexuelles[1]. Il y a encore une perte d’excitation sexuelle pour les vraies femmes de la vraie vie qu’ils me confient dans le secret de mon cabinet : « Le problème, c’est que les filles que je rencontre, elles ne m’existent pas ! ». Forcément, depuis qu’ils ont en moyenne onze ans, leurs cerveaux sont habitués aux corps trafiqués des actrices pornos…
Selon un récent sondage de l’IFOP, 43% des jeunes de 18 à 25 ans ne font plus l’amour[2]. La pornographie est principalement responsable de ce changement, les réseaux sociaux et l’effet de la vague me too aussi : l’écran est plus sécurisant que la rencontre authentique.
[1] Rapport du Sénat, Porno : l’enfer du décors, 2022.
[2] Etude Ifop de février 2023.
Invisible, indolore, inodore : la pornographie est la drogue dure des « gentils garçons » et des « gentilles filles ». Elle est la drogue des « gentils » parce qu’elle peut se vivre cachée et ainsi, il est possible d’afficher une très bonne image de soi en société, à sa famille, à son conjoint quand bien même dans le secret on regarderait des fantasmes sexuels les plus violents et avilissant qui soient. C’est le « vice » idéal quand on chercher à renvoyer une image parfaite de soi, quand on veut plaire, quand on a peur de ne pas être aimé pour ce que l’on est, avec ses failles et ses fragilités.
C’est une drogue « dure » parce qu’elle provoque une dépendance psychique et physique très forte. Exposer les enfants et les adolescents aux images pornos, c’est déclencher chez eux le système de la récompense et favoriser un phénomène d’accoutumance : leur cerveau réclamera sa dose, encore et encore dès lors qu’ils ont goûté à ce type de plaisir très puissant. Certains neuroscientifiques l’affirment : le porno active dans le cerveau les mêmes parties que le crack ou l’héroïne.
Vous croyez que la pornographie est moins grave parce qu’elle ne détériore pas le corps, contrairement à la cigarette, à l’alcool ou la drogue. Mais ce que la pornographie abîme, c’est votre capacité à aimer, à être en relation, à vivre en vérité. Elle pourrit l’imaginaire, elle déforme le regard sur soi, sur les femmes, sur les hommes. Elle a des effets négatifs sur la concentration et peut perturber le travail scolaire ou l’exercice de son métier. Elle a des effets désastreux sur la sexualité… Au petit jeu de la comparaison, la pornographie est perdante ! Qu’y a-t-il de plus grave qu’un produit détruisant ce que nous, les êtres humains, avons de plus précieux : nos relations d’amour ?
Le business modèle de l’industrie pornographique a changé depuis l’arrivée d’Internet et il fonctionne sur un principe simple : il faut qu’il y ait beaucoup d’utilisateurs et qu’ils soient accros car la monétisation des espaces publicitaires dépend du trafic sur le site. Plus tôt on crée l’habitude d’en regarder, plus difficile ce sera d’arrêter. Exactement comme pour la cigarette : si on commence à fumer au collège ou au lycée, on continuera à l’âge adulte alors que si on fume pour la première fois à 40 ans, il y a très peu de risque de devenir fumeur ! C’est la raison pour laquelle ces fameux tubes ne protègent pas efficacement les mineurs de leur contenu : ils fabriquent volontairement des adultes accros au porno.
Et ça fonctionne, parfaitement. 82% des 18 à 30 ans en consomment régulièrement[1]. La génération « YouPorn » dont je parlais dans mon premier livre ce sont aujourd’hui des adultes accros au porno. L’industrie pornographique génère plus de 140 milliards de dollars par an[2].
Si on veut protéger les mineurs et les adultes de l’addiction, il faut de toute urgence bloquer ces tubes et revenir à une pornographie payante.
[1] En France en 2018, une étude publiée par Statista Research Department en mai 2023.
[2] Rapport du Senat, Porno : l’enfer du décors, 2022.
Un produit mauvais pour un enfant ne devient pas soudainement bon à l’âge adulte. Il faut définitivement arrêter de parler de « film pour adultes » car on insinue qu’il serait normal et inoffensif d’en regarder une fois ses 18 ans passés. Comme pour la cigarette, la loi interdit la vente aux mineurs et l’autorise aux majeurs. Mais fumer enfant, fumer adulte, fumer enceinte, fumer malade, fumer vieux, fumer quand on est une femme, fumer quand on est un homme, fumer une fois par an, par mois, par semaine, par jour ou par heure ne change strictement rien au fait que fumer tue. C’est la même chose avec le porno : le produit en lui-même est mauvais pour la santé sexuelle, mentale et sociale.
La consommation de pornographie à l’âge adulte risque de provoquer les mêmes troubles qu’à l’adolescence : addiction, déformation des fantasmes sexuels, rapport compulsif au sexe, désintérêt pour les relations sexuelles au sein du couple, dysfonctions sexuelles dues aux « angoisses de performance », dépression, perte de motivation, de concentration, d’estime et de confiance en soi, etc. A cela, se rajoute un problème moral : la prostitution. Pour chaque « star du porno » qui défend son métier comme l’expression de sa liberté d’entreprendre et de faire ce qu’elle veut de son corps, il y a des centaines de milliers de femmes et d’hommes qui sont exploités, maltraités, violés, violentés. En tant que consommateur, on se rend complice de l’exploitation sexuelle et du trafic d’êtres humains[1].
[1] Pour en savoir plus, lisez le rapport sur la Pornocriminalité du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes publié le 27 septembre 2023.
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