Billet d’humeur: Le mariage, sa robe et le mannequin

Aujourd’hui, j’écris ma prochaine chronique pour French Morning. Impossible pour moi de faire l’impasse sur un sujet d’actualité en France, ultra révélateur des différences culturelles et clé dans l’expatriation: le mariage!

Enfin, “différences culturelles” c’est peu dire! Soyons réalistes, parlons plutôt d’océan pour illustrer l’immensité qui sépare Français et Américains face au mariage.

C’est cliché? Regardez donc en guise d’introduction l’émission Say yes to the dress. Ceci n’est pas une fiction: c’est la réalité. L’hystérie collective autour du mariage, que dis-je, avant tout et pour tout de la robe de mariage, c’est bel et bien vrai.

C’est du vécu, je vous dis! Le fameux Randy: j’ai défilé devant lui! Parce que oui, j’ai été mannequin à New York… héhé! (Yes! J’ai réussi à le placer quelque part ce truc-là!)

Bon, il faut bien se souvenir d’une chose: je ne parlais ni ne comprenais un seul mot d’anglais à mon arrivée. Même “Amazing”, même “So cute”, même “I love your shoes”. Rien, je vous dis. Le Néerlandais ne m’a été d’aucun secours, merci la Belgique! A mon arrivée, j’étais une potiche, la “femme de”: l’épreuve ultime pour moi.

Alors le premier job (et le seul) qu’on m’a proposé dans cette ville fut logiquement “porte manteau”. Enfin, “porte robe”. Après tout, mon corps avait l’air plus exportable que ma pensée. Au point où j’en étais, je n’allais pas refuser. Avec la spontanéité qu’on me connait, j’ai enfilé des robes de mariée sans imaginer son effet sur l’américaine:

“OMG (traduction: “Oh My God”) She is gorgeous! I looooove her!”

Pas moi, la robe.

Parce que vous imaginez quoi? Que ça boosterait mon self esteem de faire le mannequin à la Bridal Week de New York? Mais vous rêvez! Il y a peu d’expérience aussi dégradante que mannequin. J’ai compris à ce moment-là la raison du malheur de ces personnes qui offrent leur corps pour faire vendre.

On m’avait pourtant couverte de compliments. J’avais été choisie parmi tant d’autres pour représenter une marque. Pas désagréable, je dois dire après (à cette époque) deux grossesses à mon actif. Mais en fait, c’est une stratégie pour te lobotomiser le cerveau! La flatterie t’anesthésie pour que l’on puisse faire de toi n’importe quoi qui puisse mettre en valeur la robe, susciter l’envie, la faire acheter.

Ne sont pas mannequins les belles femmes. Sont mannequins celles qui répondent aux mensurations fixées par le couturier. Celles qui n’ont aucune particularité physique capable d’attirer le regard. Elles seules sont capable de s’effacer pour rendre visible le vêtement. Elles seules savent faire opérer la magie: le sujet devient l’objet, l’objet devient le sujet.

Cela dit, pour la wedding dress l’objectif est quand même que la robe mette en valeur la mariée pour qu’on ne voit plus qu’elle, pour qu’on la trouve belle!

Je me suis égarée et en oublie le mariage… voyez comme je m’américanise!

T.

20130318-233859.jpg

Vous devriez aimer

Comments are closed.