Il ne manquait plus que lui. Oh, je pensais qu’il attendrait un peu pour apparaître au grand jour. J’en avais quatre. Quatre mémoires universitaires, quatre enjeux de société, quatre fois la même esclandre de mes professeurs “Enfin, mais comment osez-vous!”, quatre fois l’intérêt de mes paires pour mes sujets. Aujourd’hui, nous sommes en 2013. On dirait que des tabous se lèvent dans une France qui a pour Dieu le médecin, pour Bible le discours féministe. Les voici donc sous les feux des projecteurs au travers du “mariage pour tous” voté cette semaine, le scandale des pilules contraceptives et pour le petit nouveau la maternité de Port Royal s’en est chargée par cette mort tragique.
“Ah non, tu ne vas pas remettre aussi en question l’accouchement à l’hôpital!”
Je regrette mais la gestion des accouchements en fonction du nombre de lit disponible, oui. La systématisation de gestes et d’actes médicaux sur le corps des femmes et celui des nouveaux nés, oui. La prise en charge médicale se limitant à une gestion des risques, oui. La réduction du nombre de sage-femmes dans les maternités, oui. La fermeture des petites maternités de proximité, oui. Le manque d’alternatives comme les maisons de naissance ou l’accouchement à domicile accompagné d’une sage-femme, oui.
Chacune de ces décisions médicales, politiques ou économiques doit être soumise à cette question: sommes-nous réellement au service des femmes, des hommes et de leurs enfants? Ou alors, sommes-nous au service d’autres intérêts? Derrière les beaux discours gonflés de bonnes intentions, l’idée défendue est-elle réaliste ou idéologique?
Devons-nous obéir? Nous laisser faire sans réfléchir? Il n’en est pas question, ce sont nos vies qui sont enjeux. Elles n’ont pas de prix.
Dans le traitement du corps, le principe est simple: toute systématisation est suspecte. Nous ne sommes pas des statistiques, nous ne sommes pas des ventres, nous ne sommes pas des patientes. Avant tout, nous sommes des personnes humaines: uniques et différentes. Ce qui est valable pour l’une, n’est pas nécessairement valable pour l’autre. Notre corps n’est pas une chose, il est le signe visible de notre personne. Ce que nous vivons au travers de notre corps engage aussi notre vie intérieur. Réduire l’accouchement à sa dimension mécanique, c’est nier l’expérience psychologique, spirituelle et sociale qu’elle est aussi pleinement.
Décidément, 2013: l’année pour un nouveau féminisme?
Comme dirait ma mère: “c’est l’heure, Thérèse! ”
Affaire à suivre donc.
T.