Question: mon gynéco, la sage-femme et moi!

“J’ai 20 ans, et cela fait un moment que je me pose une question : quand faut il aller voir le gynécologue ? Je n’y suis jamais allée, et j’ai déjà eu des rapports.”

Je vous remercie de me poser la question et j’en profite pour questionner certaines idées devenues préconçues…

Le rendez-vous chez le gynécologue pendant ou au sortir de l’adolescence est devenu, dans notre société, un rite initiatique ! Un passage quelque peu angoissant pour certaines jeunes filles, une fierté chez d’autres: on y parle de choses de femmes, on y dévoile son corps de femme! Si certains médecins prennent la mesure symbolique de cette rencontre et usent de délicatesse, bon nombre d’entre eux expédient l’affaire sans prendre d’autres gants que ces horribles trucs en plastiques! Il serait donc temps de créer d’autres lieux que le cabinet médical pour appréhender son corps de femme, les espaces réservés à la gent féminine ayant quasi disparu… Mais ça, c’est une autre histoire sur laquelle on reviendra sur ce blog!

La mission du gynécologue, n’est pourtant pas initialement celle-là. Elle consiste à prévenir et soigner les maladies de l’appareil génital féminin, de veiller à la santé sexuelle et reproductive des femmes.

C’est donc chez le gynécologue qu’il faut se plaindre des petits ou grands maux observés ou ressentis au niveau de son sexe, son bas ventre ou sa poitrine: douleurs abdominales ou vaginales, saignements anormaux, écoulements au niveau des seins, sécrétions vaginales suspectes, pour vous donner quelques exemples. Ils peuvent être des signes extérieurs d’un dysfonctionnement intérieur que le gynécologue tentera de comprendre et de soigner.

C’est aussi chez le gynécologue qu’il faut aller à 25 ans, à 26 ans puis tous les trois ans (certains gynécologues préconisent tous les 2 ans) faire un dépistage au niveau du col de l’utérus . Dès qu’on a des “activités sexuelles” – je dis expressément activités car peu importe ici les sentiments et qu’il y ait ou non pénétration sexuelle, rencontrer un spécialiste de la santé des femmes me semble important pour surveiller certaines infections qui peuvent déjà se transmettre quand il y a des contacts au niveau de la région génitale.

En ce qui concerne la prescription d’une contraception, l’interruption volontaire de grossesse, l’accompagnement de la grossesse, de l’accouchement, de l’allaitement de la ménopause, gynécologues mais aussi sages-femmes peuvent vous accompagner. Experts en pathologie pour les gynécologues, expertes en physiologie pour les sages-femmes, leurs approches sont différentes et complémentaires.

En France, les femmes se tournent très majoritairement vers le gynécologue et sous estiment le rôle des sages-femmes. Elles disent “mon gyneco” et lui vouent bien souvent une confiance absolue. Quoique, depuis la médiatisation des accidents liés à la contraception hormonale, il paraît que les femmes posent plus de questions, sont plus critiques. Et c’est bien de sortir (peu à peu) d’une relation infantilisante avec la médecine en général!

Vous êtes des femmes, vous pouvez avoir un avis différent ou contraire au médecin en face de vous. Vous pouvez exprimer vos craintes ou refuser certaines pratiques. En tout cas, gardez votre libre-arbitre par rapport à l’autorité médicale.

Quant à l’accompagnement des sages-femmes, il ne se limite pas à une surveillance des mécanismes de votre corps mais offre une écoute globale qui intègre aussi votre vécu: vos émotions, vos croyances et vos convictions personnelles sont généralement davantage prises en considération.

Mais la plus grande des nécessités reste d’observer son corps, d’être à l’écoute de ce que l’on ressent et d’être attentive à ce qu’on vit au niveau de son sexe. Car il s’en passe des choses ! Notez-les avec la date et le maximum de détails. Certains signes sont heureux, d’autres dangereux non seulement pour notre vie mais aussi pour celles de ceux que vous accueillez en vous le temps d’un instant ou de quelques mois avant de venir au monde…

Il est aussi extrêmement important de récolter le plus d’informations possibles sur les antécédents médicaux de votre famille. Prenez le temps de discuter avec votre mère et même vos sœurs, vos grands-mères pour connaître les histoires de femmes de la famille, votre terrain familial afin que le médecin ou la sage-femme soient davantage attentifs et évitent des prescriptions médicamenteuses risquées pour votre santé.

L’entrée dans sa vie de femme s’accompagne de nouvelles responsabilités dont celle de prendre soin de son corps, de ne pas négliger sa santé, de prendre avec le plus grand sérieux la régulation des naissances, d’abord par respect pour soi, mais aussi parce que la vie des autres est en jeu.

J’encourage particulièrement les lecteurs et lectrices de ce post, sages-femmes et médecins à enrichir cette réponse de leurs expériences!

T.

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