Quand le préservatif, les MST et le plaisir ne font pas bon ménage, il faut laisser tomber Bill!

“Allô? Allô? Chê pas, vous me recevez? T’es Bill Gates et tu donnes 100 000 dollars pour un préservatif! Nân mais allô quoi!”

L’offre est lancée: 100 000 dollars pour l’inventeur du préservatif nouvelle génération. Attention, on l’espère capable de ne pas altérer le plaisir sexuel de l’homme. Monsieur Gates, je crains que vous soyez mal renseigné. Primo, le préservatif ne résoudra pas le problème des maladies sexuellement transmissibles. Secondo, il n’y aura jamais rien de meilleur que le sexe sans protection. A moins de modifier le principe même du fonctionnement de l’orgasme… Devant l’urgence, ne pensez-vous pas qu’il serait plus intelligent de changer de stratégie? Bill Gates, vous perdez votre temps. Filez moi plutôt votre argent pour mettre en place des vrais projets d’éducation. Il faut investir dans la personne humaine, pas dans le substitut du latex. Ça c’est l’avenir, ça c’est innovant!

“Comment! Elle est contre le préservatif!” Bien sûr que non, pas d’affolement. Mais franchement, vous êtes d’accord avec moi: on voudrait qu’il fasse autre chose de son argent qu’un coup marketing pour une nouvelle sorte de préservatif. On s’en fout, vraiment. Après tout, ceux qui existent ne sont pas catastrophiques; chacun peut trouver chaussure à son pied. Ce n’est certainement pas l’imagination qui manque pour rendre sympathique ce bout de plastique pourtant fameusement rebutant.

L’heure n’est pas à la rigolade. La situation en matière de santé sexuelle et reproductive est absolument dramatique. Personne n’y échappe, pas même les pays riches. Son annonce est limite choquante. Mais connaissant le bonhomme, je crois qu’il espère ainsi résoudre la situation… Bill, c’est peine perdue. Eh Oh: Wake up! On est en 2013.

En 2013, on ne peut plus croire que le préservatif va résoudre le problème de la transmission des maladies sexuellement transmissibles. Or, on le présente comme tel et nous assistons à l’effet inverse escompté: la transmission des maladies sexuelles ne cesse d’augmenter! Au lieu de comprendre la raison, on renforce aveuglément les politiques de santé qui en font l’apologie. Combien vous faudra t-il de malades et de morts pour vous remettre en question? Pourtant, le problème est extrêmement simple. Je vous l’explique brièvement.

On dit que le préservatif protège contre les maladies sexuellement transmissibles. Chacun pense alors être en sécurité en l’utilisant. Le sentiment de sécurité permet de vivre des rapports sexuels dans des situations à risque (partenaires inconnu, multiple). Sauf que l’efficacité du préservatif n’est pas parfaite. Moquer ou mépriser sa mauvaise utilisation serait faire preuve de mauvaise foi. Dans un moment aussi intime, suivre des prescriptions s’entre choque souvent avec la spontanéité du désir sexuel. Puis, il y a les défaillances techniques (préservatif déchiré, par exemple). Mais plus encore, le préservatif ne protège pas de toutes les maladies sexuellement transmissibles. Par exemple, le papillomavirus (HPV) se transmet déjà par contact génital, l’Herpes aussi.

Autrement dit, l’assurance contre le risque permet de vivre des rapports sexuels dans des situations à risque. Au pays des bisounours, ce serait merveilleux! Sauf que dans la vraie vie des vrais gens, l’assurance est imparfaite. Le sentiment de sécurité favorise donc les accidents et dieux sait comme ils sont nombreux. Vous comprenez la logique?

Pire encore, chez les jeunes. On leur dit “faites ce que vous voulez mais protégez vous”. Des adultes sages et gonflés de bonnes intentions viennent ainsi dans leur classe froide et moche pour leur expliquer comment enfiler un préservatif sur une banane. Et ils pensent sincèrement que l’adolescent va suivre scrupuleusement les consignes de sécurité. Vous rêvez! Par définition, la jeunesse défie le danger, repousse les limites, prend des risques. Par définition, l’adolescent transgresse l’interdit pour affirmer sa personnalité. Par définition, les premiers amours se croient invincibles, éperdument confiant en l’autre.

Je reviens à ce fameux préservatif révolutionnaire parce qu’il n’altérerait pas le plaisir de l’homme (parce que celui de la femme, tout le monde s’en moque depuis belle lurette). Pour ceux qui n’aurait pas suivi, l’idée derrière c’est qu’il serait ainsi davantage utilisé. Ne nous voilons pas la face, les facteurs culturels et religieux sont bien plus dissuadant que la diminution du plaisir. Mais peu importe, parlons du plaisir si vous insistez.

Bon, comment dire en faisant simple. D’abord, il faut quand même le rappeler, le plaisir mécanique d’un homme n’est pas totalement altéré par les préservatifs actuels. Mais l’orgasme, je vous parle de ce plaisir qui va bien au-delà d’un soulagement consiste dans le fait de faire jouir sa femme. Intéressons-nous alors au plaisir féminin. Il y a aussi, un plaisir mécanique qu’elle peut obtenir même avec un préservatif. Il y en a même qui font leur marketing dessus en prétendant pouvoir rallonger la durée de la pénétration, c’est pour vous dire! Mais l’orgasme, le fameux orgasme (qu’on dit être 6 fois plus puissant que celui de l’homme, soit dit au passage) il se vit dans un “lâcher prise” total. Avec un préservatif, c’est fortement compromis car ce petit objet, si fin soit il est le signe que l’autre peut être une menace, que l’homme peut transmettre des maladies et même la mort. Le préservatif est le signe d’une insécurité et il n’y a rien de pire que le sentiment d’insécurité pour jouir comme il se doit. Bref. L’idée est morte dans l’oeuf.

Cela dit, je pense à toutes les personnes qui sont atteintes d’une maladie de par la naissance, un accident médical ou suite à un rapport sexuel mal protégé. Evidemment que j’espère que l’objet va s’améliorer pour le confort de chacun. Vous avez compris que c’est l’enjeu politique et idéologique qui provoque mon billet. Et tout le monde le sait! Investir 100 000 dollars pour Bill, c’est pas grand chose. Son objectif est de stimuler la recherche, provoquer les mentalités et faire bouger les gouvernements.

Et il a réussi! Me voilà plus motivée que jamais pour relever le défis!

T.

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