Le Figaro: GPA ou l’extension de la domination masculine

«Maman, maman! Tu sais que Tom, il n’a pas de maman. Non. Mais c’est sa grand-mère qui est sa maman. Alors, c’est elle qui va venir pour la fête des mamans à l’école!». Je reste sans voix, essoufflée. En danseuse sur mon vélo, Central Park m’offre une dernière côte avant de descendre sur Harlem. Depuis le siège arrière, ma fille bavarde allègrement. «Tom, il n’a que un papa» reprend-elle avant de rajouter «mais aussi un frère jumeau». Nous rentrons de l’école et, foi de maman, ce sont les instants les plus précieux. Car il s’en passe des choses à l’école, particulièrement peu courantes quand celle-ci se déroule en plein cœur de l’Upper East Side, le quartier le plus chic de Manhattan. La semaine passée, on y faisait justement une réunion entre parents d’élèves au dernier étage d’une tour où, d’en haut, la ville étourdit tout autant que le cocktail somptueux proposé par l’armada de serveurs. On y apprend par ce père, un macaron dans une main et une coupe de champagne dans l’autre, le récit de l’achat des ovules, la location du ventre et le secours des nourrices pour réaliser son désir de paternité. On se surprend à ne pas être surprise ; l’affaire est monnaie courante dans ce microcosme où la seule loi qui compte est celle du marché. Et puis, un tel dévouement pour ses enfants fermerait le clapet à quiconque émettrait le moindre doute sur sa capacité à les élever. Un serveur passe: «Champagne, Madame?».

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